mercredi 26 décembre 2012

C'est Noël, c'est Noël, c'est Noël¹

A Noël, j'ai eu ça :

Admirez la douceur du rose qui fait comme un écrin à mes cadeaux. Remarquez la subtilité de la lumière se déversant sur mon vanity :D

A Noël donc, j'ai eu un Kindle. Que ma belle-famille au complet en soit éternellement remerciée : je me sens comme une gamine dans un magasin de jouets !
C'est juste génial. Déjà, j'avais à l'origine une certaine réticence à l'idée de lire sur un écran ; or, on croirait lire sur une vraie page, les contrastes sont idéaux et le poids très réduit de l'objet le rend ultra-maniable - bien plus que les pavés de cinq-cents pages que je trimballe depuis quelques mois dans mon sac à main.
En plus, comme pour le moment notre budget est très incertain, je ne voulais pas dépenser d'argent dans un livre, aussi bon fût-il. Eh bien la bibliothèque Kindle compte environ 20 000, peut-être 30 000 (il y a des doublons, je ne saurais pas en évaluer le nombre) références gratuites. Mathias pourra témoigner que je l'ai dérangé toutes les trente secondes : "Han, c'est génial, y' z'ont même du Pierre Bordage ! Oh, trop cool, tu te rends compte, ce bouquin vaut 20 euros en version papier et zéro au format Kindle ! Wouaaaah j'ai toujours voulu lire ce truc !!!"

Bref, j'ai téléchargé pas moins de vingt-quatre livres dans la soirée :D

Quant à la valise de maquillage, j'avais flashé dessus en me baladant au Woolworths. Pensez-vous, 16$ pour tout ça... c'est le prix d'un mascara, d'habitude, je vous ferais dire ! Et alors que nous faisions les courses pour le réveillon, Mathias a dit "c'est malin, tu m'as accompagné, du coup il n'y a plus de surprise". Et a embarqué ladite valise, qui était descendue au prix miraculeux de 10$. A ce prix-là, le vernis peut s'écailler dans la journée, je m'en fiche :D

J'ai donc accordé mes ongles à la couleur de mes rubans :P

Et si je ne vous montre pas ma tête, c'est parce qu'il fait 39° et que je ruisselle ; mes cheveux pourtant fraîchement lavés frisottent et je suis tout sauf photogénique :D

Nous n'avons finalement pas passé Noël sur la plage, mais à la maison. On ne s'est même pas renseigné : il n'y a pas beaucoup de bus pour la plage qui est très loin, et avec cette chaleur, c'est plus dangereux qu'autre chose. Nous avons préparé un bœuf bourguignon, qui était délicieux, et profité de la terrasse jusque tard dans la nuit. Nous avons fini bien ivres je dois le reconnaître, et passé le 25 à profiter de nos cadeaux :)

J'espère que vous tous avez passé un chouette Noël, et je vous embrasse très fort. Je vous reviens pour la nouvelle année !


¹ Référence à une chanson de Enya qui doit plutôt dire "Sail away, sail away", mais quiconque l'a déjà entendue ne comprend pas autre chose que "C'est Noël" lol

mercredi 19 décembre 2012

Balade à Kings Park

Kings Park, c'est 400 hectares de jardin botanique et de bush, accessibles depuis le centre-ville de Perth... Et comme c'est gratuit, on en profite!

Jardin botanique
Panorama
Un air de garrigue
Le CBD et la Swan River
Panorama 2
Balade dans les arbres




Passerelle en verre
Évocation provençale
Maître Corbeau
Le Vénérable

vendredi 30 novembre 2012

Chapitre VII - S'affranchir

Nous voilà installés, depuis dimanche, en fait. Nous partageons la maison avec trois jeunes Coréens et les propriétaires. C'est une grande maison, lumineuse, avec une terrasse enclose où l'on peut fumer, et située dans une rue calme de Victoria Park.

La cour et l'allée devant la maison

La façade
Chez les Coréens, on retire ses chaussures avant d'entrer
Le séjour vu depuis l'entrée
Le séjour, de l'angle opposé
La terrasse
Le couloir pour accéder à la chambre, avec la salle de bain à droite
La chambre
L'autre côté de la chambre... avec une vraie connexion Internet!
La buanderie. Le soir on fume de ce côté-là de la maison

Perth est bâtie sur le modèle des villes américaines. Seul le centre-ville s'appelle vraiment Perth. Si on y trouve quelques immeubles d'habitation, il est surtout constitué de boutiques et de cafés, et respire le luxe - mais pas de manière ostentatoire.
Tout autour, rayonnent les banlieues. Victoria Park est située au sud de la Swan River, à une quinzaine de minutes de la gare centrale. Le long d'Albany Highway, sa principale rue commerçante, s'étagent les avenues résidentielles. Larges, aérées, presque dénuées de circulation (sauf matins et soirs, j'imagine), elles pourraient évoquer le générique de Weeds. Mais elles offrent de petits havres de calme, où chaque pas dérange un grillon, et où l'air ne résonne que des craquements des toitures métalliques.
Albany Highway
Albany Highway encore. Les trottoirs sont souvent partiellement couverts
Albany Highway toujours
Manchester Street, où nous habitons

Végétation omniprésente et parfumée
Toits métalliques et en tuiles, accords ensoleillés

Samedi, nous avons été à la mer. 45 minutes aller, et nous sommes restés... dix minutes. Le temps change très vite à Perth. Les vents marins ont tôt fait de refroidir les boulevards rectilignes, et ce soir-là, l'orage clignotait au-dessus des buildings.




En fait, elle est très bonne :D

Chroniques du backpack et d'ailleurs

Je ne sais plus où chercher du travail. J'ai postulé auprès de la principale chaîne de grandes et petites surfaces, Woolworths, qui possède aussi les BWS, magasins d'alcool. J'ai tenté ma chance auprès d'une épicerie 24/24 et d'une librairie, mais personne ne veut engager un non-résident. Comme je suis déjà formée aux postes que je brigue, ça me décourage un peu. C'est après-midi, la mort dans l'âme, j'ai voulu déposer un CV dans une agence d'Intérim... qui ne s'occupe pas des petites gens comme moi.

C'est difficile de dire comment je me sens. Débarquer à l'étranger avec l'intention de s'y établir à moyen-terme donne facilement l'impression d'être rejeté. Les gens habitent cet endroit que vous convoitez, ils en connaissent les moindres aspects, y ont leurs habitudes, leur travail, leur famille. Pour vous, chaque carrefour est une surprise, chaque démarche un jet de dés. Rien ne vous est acquis.
Cette fois comme la précédente, je suis partie parce que j'avais peur de m'ensevelir sous mes propres certitudes, de m'assoupir dans le confort d'un quotidien que rien n'ébranle. Je suis certaine que l'effort est louable, mais il demande beaucoup de volonté! Ainsi qu'une capacité que je maîtrise mal : celle de vivre chaque jour après l'autre, pas à pas, sans se projeter dans l'avenir avec angoisse. Ce qui m'est le plus difficile, c'est de me lever chaque matin en pensant à ma journée uniquement, et pas aux hypothétiques trois prochaines semaines. Mais c'est une condition sine qua non : faire autrement, c'est juste un coup à sombrer dans la déprime et le doute.

On peut donc dire que je suis déprimée et en plein doute, mais que je lutte tous les jours pour ne pas y accorder d'importance et ne pas laisser mon état anéantir mes efforts d'intégration :)

Et puis, j'aime autant accepter la difficulté et admettre que j'ai du mal, plutôt que de me la jouer "je sais tout, je maîtrise". A ce propos, Mathias et moi avons fait preuve d'une cohésion, d'une symbiose hors du commun quand il a fallu laminer un pauvre Frenchie bourré, samedi soir!
Pour commencer, le gars s'invite à notre table et s'assoit à côté de moi. Normal, me direz-vous. Sauf que la dernière fois que nous l'avions vu, il était avec sa copine, et comme elle s'était assise à côté de Mathias, il l'avait poussé, me laissant seule face à eux trois, en disant "Ça te dérange pas, c'est ma copine, tu comprends".
J'ai donc observé avec intérêt son petit manège pour se rapprocher de moi, m'effleurer, m'attraper par le bras... Sauf qu'à force d'essayer de lui échapper, j'étais sur le point de tomber du banc lol

On lui a offert un verre d'ailleurs, à ce gars, et comme il était plus de 22h, la meuf de l'accueil a tenté de nous confisquer le cubi.Vous imaginez? Vous avez 28 ou 29 ans, vous sirotez un verre en fumant votre clope à la terrasse, sans élever la voix, et on vient vous confisquer votre alcool comme à un lycéen en internat?

C'est d'ailleurs l'origine du dépeçage en règle. Comme nous exprimions une certaine irritation envers le règlement de l'auberge, compte-tenu de ce que nous étions des clients et non des gosses placés là par décision de justice, Max (appelons-le Max), nous fit remarquer la nécessité des règlements et confessa que, même s'il appréciait les anarchistes, ils ne soutenaient qu'une vaine utopie. Interloqués, nous lui rétorquâmes que certes, oui, mais toute loi n'est pas bonne à prendre et les législations diffèrent d'un endroit à l'autre.
Max adopta alors une nouvelle tactique. Sur un ton calme, détachant bien les syllabes - enfin, autant que possible vu son état -, il nous expliqua que chaque établissement avait le droit d'établir ses propres règles (en effet, l'interdiction de boire après 22h n'est pas constitutive de l'Australie), pour le bien commun, et que refuser de les accepter revenait à faire preuve d'immaturité, même si nous n'avions été informés de ces règles qu'après avoir payé.
Un peu échaudé par son ton paternaliste, Mathias lui demanda s'il aurait été prêt à faire n'importe quoi* sous prétexte de respecter un règlement dont il n'aurait été informé qu'après l'avoir accepté. Max dit que l'exemple était extrême et que la société ne pouvait fonctionner que si on en respectait les normes et les attentes implicites, sans broncher. Il dit aussi qu'il ne comprenait pas pourquoi nous nous sentions agressés, mais si vous vous sentez agressés - Non, on est juste pas d'accord, rien de grave - Oui, c'est ce que je dis, vous vous sentez agressés!
Mathias remarqua : "Donc tu vas vite rentrer en France, et installer ta femme enceinte derrière une barrière blanche (c'est vrai quoi, Rég, vous auriez pu peindre la votre en bleu :D) C'est ce qu'on attend de toi, après tout."
Max prit un air effaré, son regard se troubla, il se tut un moment, puis décréta que c'était "plus cool du tout, cette soirée". Il resta là, et je lui dis qu'il n'était pas obligé de nous tenir compagnie, et que nous étions désolés si nous l'avions vexé, mais qu'à la base nous ne faisions que défendre un point de vue plus modéré que le sien sur le respect des lois. Max secoua la tête d'un air peiné, fit "non non je vais rester" et replongea dans le fond de son verre. C'est là que j'intervins, armée de ma subtilité légendaire : "Tu sais, lui dis-je, tu n'es pas obligé. On n'a pas besoin de toi. C'était sympa de venir causer, mais on n'a pas attendu toute la soirée qu'une bonne âme vienne nous égayer. On n'est pas là, en train de pleurer parce qu'on n'a pas d'amis. Si tu veux rester, c'est cool, si tu veux pas, je te promets qu'on s'en sortira". (Mathias a dit qu'il était très fier de moi lol)
Et vous savez quoi? Après ça, il a accepté de reprendre une conversation normale. Genre, le mec nous a pris pour des noobs, des petits jeunes intimidés mais rebelles qui voyagent pour la première fois de leur vie. Et là, il découvre qu'on a le même âge, qu'on n'en est pas à notre premier départ, et il est tout déconfit, d'autant qu'il se rend compte qu'en même pas deux semaines, on a trouvé un appart, quand lui et ses copains galèrent toujours.

* Ceux d'entre vous qui connaissent Mathias se douteront que derrière ce sobre "n'importe quoi" se cache en réalité un exemple pas politiquement correct et censuré pour cette raison :P

Je vous raconte ça, parce que je n'avais jamais fréquenté ce genre d'endroits où se rassemblent beaucoup de gens, et que c'est incroyable de voir combien se la pètent, combien se comportent comme s'ils avaient quelque chose à apprendre aux autres, du simple fait qu'ils sont là depuis trois semaines. Mais on est des milliers à faire ce qu'on fait, il n'y a aucune fierté autre que personnelle à en tirer. On n'en devient pas meilleur ou plus intelligent (ou du moins faut-il le vouloir).
J'ai écouté pas mal des conseils qui m'ont été donnés, mais je ne peux pas m'empêcher de sourire quand on me dit "tu vas voir, généralement ça prend deux semaines". Parce que ce sont les mêmes qui sont toujours là, et les mêmes qui t'avertissent qu'il faut te méfier des Aborigènes, les "Abo" comme ils disent, "et je te dis ça, je suis pas raciste hein, sûrement qu'il y en a des différents, mais moi tous ceux que j'ai vus ils sont payés 800$ par mois par le gouvernement, c'est pour s'excuser ou un truc comme ça - tu sais, les Abo, c'est ceux qui vivaient ici avant - et ils font rien avec, ils font que picoler et ils sont super violents, tiens d'ailleurs moi l'autre jour..."
J'ai un peu de mal à respecter quelqu'un pour qui la vie se résume à des définitions simples. Le même qui, apprenant que nous envisageons d'aller au Japon, n'a rien d'autre à en dire que "Le Japon, pas évident, ils n'aiment pas trop les étrangers, là-bas."

Je ne sais pas, on ne doit voir des gens que ce qu'on a envie d'en voir. Moi, j'ai vu un Aborigène ivre, et un autre qui ressemblait à un possédé avec ses yeux presque intégralement noirs, complètement parti. J'ai aussi vu un blanc à la limite du coma éthylique en plein après-midi à la gare, des Français qui buvaient à 11h a.m et fumaient des joints deux heures avant d'aller au taf, et des "Abo" qui essayaient de se faire du fric légalement.

J'ai l'impression qu'au backpack, certains nous ont pris pour deux prétentieux qui ne se mélangeaient pas, ou, comme la future championne de X-Factor (faudra que j'en reparle, de celle-là!), pour des gens très timides. Ils ne se rendent pas compte que le monde ne tourne pas autour d'eux. On s'en est fait, des amis, juste, c'est pas eux. Jacks, le mec qui nous a introduit auprès des Coréens, a même dit que nous ne ressemblions pas aux autres Français, et a ajouté que Mathias était "very handsome" ;)

Ce que je veux dire, c'est que je préfère avoir peur que de leur ressembler, parce qu'en voyageant ils emportent toutes leurs certitudes avec eux, et que ça ne sert à rien. Ca les empêche de voir, de regarder même, pour commencer. Arriver quelque part et redéployer son univers autour de soi? Autant rester chez soi.

vendredi 23 novembre 2012

Premières nouvelles de Perth

A Perth depuis dix jours, nous n'avons pas chômé! Revue détaillée des derniers événements...

Samedi 17 novembre

Le trajet


Le voyage a été moins éprouvant que je ne l'avais craint : même s'il nous a fallu près de vingt heures (escale comprise) pour rallier l'Australie, je ne me suis pas tellement ennuyée, et j'ai même pu dormir un peu. Il faut dire que Qatar Airlines est une compagnie plutôt chic en dépit de ses prix, raisonnables. On disposait de couvertures et de masques pour la nuit, les repas étaient corrects et j'ai maté trois films (Dark Shadows, pas mal, Prometheus - rien compris - et L'Âge de Glace 4, super cool). Je me suis endormie pendant la seconde partie du trajet, après Doha, au son d'un album de Pulp. Après un temps indéterminé, je me suis réveillée (très mal) à cause de fortes turbulences, et pendant ce temps passait une chanson très étrange, très psychédélique, à laquelle désormais j'associerai toujours une impression de confusion et de vertige.

L'arrivée à l'aéroport

L'immigration australienne est nettement moins suspicieuse que son homologue canadienne. Nous n'avons même pas dû justifier des fonds nécessaires ou d'une assurance maladie valide. Par contre, gare à la douane! A Paris, nous avions acheté deux cartouches de tabac, soit un kilo au total. Or, le gouvernement australien n'autorise que 250g par personne... Il a fallu payer les taxes, 200$, quand même. C'était ça, ou se débarrasser du stock. Et comme les douaniers nous ont dit que ça nous revenait toujours moins cher que d'acheter nos paquets en Australie... Notez que si vous voulez venir, pour vous ce sera pire : nous avons bénéficié de l'ancien bulletin de déclaration. A présent, c'est 50g autorisés par personne, point final.

L'hébergement


Une heure après l'atterrissage, je passais mon premier coup de fil en anglais :)
Un peu découragés, Damien peut en témoigner, nous nous étions résolus à envoyer une requête pour un Couch Surfing¹ de dernière minute, sans grand espoir. En fait, non seulement Sachin a accepté, mais en plus il s'est avéré qu'il nous attendait à l'aéroport! Nous avons passé deux nuits chez lui, partageant le salon avec une Couch Surfeuse allemande. Sachin est un mec adorable, qui nous a tellement sauvé la vie qu'on s'est dit que, de retour en France, nous aussi on hébergerait peut-être des voyageurs en détresse.

Nous avons consacré le premier jour à explorer la ville en quête d'un cyber café, afin de vous contacter et de consulter les offres d'hébergement. Journée un peu déprimante : pas d'appart convenable et/ou dispo, vie extra-chère... Heureusement que Sachin est une espèce de gourou incarnant la sagesse et l'optimisme :P
Le deuxième jour, levés tard, nous avons couru la ville à la recherche d'un backpacker². Cette fois, nous avons eu de la chance : le second testé avait une chambre disponible. Le backpacker, c'est un peu l'arnaque du siècle : 80$ la nuit dans une chambre minuscule et défraîchie, et vous devez encore raquer pour Internet. Cela dit, l'ambiance est pas trop mal, on croise plein de gens dans la cuisine commune (dont des tas de Français plus ou moins défoncés, plus ou moins donneurs de conseils, même quand vous n'en demandez pas). La plupart travaille, donc le soir est relativement calme. Nous avons payé pour une semaine, qui nous a donc coûté le même prix qu'un mois de loyer à Québec. Après, si nous ne trouvons pas d'appart, nous déménagerons peut-être dans une autre auberge, un peu moins chère et qui offre de meilleures prestations.

Avant-hier a été une meilleure journée. Nous avons un numéro de téléphone, une demande de TFN³ en cours, et un compte en banque, ouvert auprès d'un banquier fou de la Westpack. Ce mec a une gigantesque ardoise dans son bureau, qui prend genre tout le mur, et à la fin des formalités pour ouvrir le compte, il vous tend des feutres Véléda pour que vous écriviez un truc sympa sur son mur oO On peut donc y lire des trucs du genre : "Lee, tu déchires!" ou "Beer, rock and kangaroos" :D Il nous a aussi donné les horaires du festival techno de Claremont, et l'adresse d'un site web où chercher du boulot. Fou, mais sympa, donc :)

A présent, il ne nous reste plus qu'à croiser les doigts pour obtenir l'appart qui nous plaît! Nous avons rendez-vous demain soir. D'ici là, je vais acheter des colliers porte-bonheurs et faire brûler de l'encens :D
Hier, j'ai rédigé mon CV, et j'espère pouvoir commencer à démarcher dès mardi.

I love Perth

Tout ça est très factuel et ferait presque oublier l'essentiel : nous sommes à l'autre bout du monde, et très enthousiasmés par notre ville d'accueil :) Perth ne donne pas l'impression d'être une grande ville, dans le sens où le centre à proprement parler est assez restreint, et les alentours sont très aérés : on trouve beaucoup de squares et de parcs, de grandes maisons bordant des rues peu fréquentées... Trois lignes de bus gratuites sillonnent le centre-ville. Nous n'avons pas encore testé les TransPerth, les lignes de bus payantes qui relient les quartiers extérieurs, mais il me semble qu'ils passent fréquemment, de même que les trains (qui ici font office de métros).
Et puis il fait très beau depuis notre arrivée, et quoi qu'un poil moins chaud aujourd'hui, on mange dehors à tous les repas :)
Et j'adore tellement la végétation, de type méditerranéen... Les palmiers, les fleurs... Je me sens incroyablement bien dans cet environnement - quoi qu'aussi légèrement mélancolique, le Sud me rappelant toujours les vacances chez ma grand-mère...

¹ http://www.couchsurfing.org/ est un site où s'inscrivent des gens qui souhaitent rencontrer et pourquoi pas recevoir les étrangers en vadrouille. J'avais des doutes, mais ça fonctionne très bien!
² A mi-chemin entre l'auberge de jeunesse et le motel, les backpackers accueillent les voyageurs peu friqués
³ Tax File Number, obligatoire pour travailler sans payer 45% d'impôts sur nos revenus.


L'entrée de l'immeuble de Sachin
Depuis chez Sachin, il faut prendre le train pour rallier le centre-ville

C'est bientôt Noël!



Chemin de Traverse

Étrange mélange d'architecture, typique du centre-ville

La Bell's Tower

Skyline

La Swan River

Comme c'est écrit : le jardin de la cour suprême :)

Très vieil arbre dans ledit jardin

Ravissant, n'est-ce pas?

Notre trou à 80$

Vendredi 23 novembre

Dimanche, nous déménageons! Pas dans l'appart' initialement prévu, puisque la fille que nous avons rencontrée nous a promis monts et merveilles pour finir par "oublier" de rappeler, mais... chez des Coréens! 240$ la semaine, free wi-fi, factures incluses... Nous allons partager une jolie maison avec les propriétaires, qui ne parlent pas très bien anglais, enfin, pas elle en tout cas, et quelques autres personnes dont j'ignore encore les liens, tous Coréens. Une opportunité unique, compte-tenu du fait que l'annonce avait été postée sur un site d'expats coréens, rédigé seulement dans cette langue... C'est Jacks, un de nos camarades à l'auberge, qui s'est proposé de nous filer un coup de main et a fait les démarches pour nous, allant jusqu'à nous accompagner sur place. J'ai hâte de quitter le backpack!

J'ai posté une dizaine de candidatures pour des jobs de caissière, sans succès. Quant à Mathias, il a reçu hier l'appel d'une agence de recrutement pour une de ses candidatures, mais évidemment nous avons loupé l'appel et pour le moment, pas moyen de contacter la personne. Mais on devrait avoir des nouvelles d'ici lundi. C'est difficile parce que nous ne comprenons pas encore tout, cela dépend beaucoup de notre interlocuteur. Quant à faire la conversation, je me débrouille plutôt bien avec les gens que nous rencontrons par ci par là, mais dès que je suis en situation officielle, je stresse et je me mets à parler avec un accent français tout à fait navrant et trois mots de vocabulaire :P

Dès que nous avons déménagé, et donc un accès internet digne de ce nom, je vous en dirai plus sur le quartier et posterai de nouvelles photos. C'est un peu compliqué parce que le PC de Mathias n'a pas supporté le trajet et que nous partageons le mien... Pas top pour les recherches d'emploi. J'espère aussi qu'on trouvera du boulot rapidement, parce que là, on essaie d'être économes, donc on ne fait pas grand chose à part chercher du taf. On n'a même pas encore vu la mer!!

J'espère que tout va bien en France, et je vous reviens très vite :)

lundi 5 novembre 2012

Weird and cool Australia

Alors que le jour du départ approche dangereusement et que Mathias et moi perdons du temps en gesticulations visant à ne pas y penser, j'ai songé qu'il serait utile de vous en dire un peu plus sur l'endroit où nous allons.

Notre point de chute en Australie sera Perth. J'ai décidé unilatéralement de notre destination, puisque c'est moi qui ai consulté les divers guides et pages wikipédia à ma disposition, et qu'après avoir lu tout ce qui concernait cette ville, je n'ai pas eu envie d'aller ailleurs :)

Perth en résumé

Le sud-ouest de l'Australie. Perth, c'est le point rouge :)

Perth, je l'ai découvert récemment, est classée vingt-et-unième au palmarès des villes où il fait bon vivre1. Cela dit, un facteur décisif de mon choix a été sa relative petitesse : avec « seulement » 1,6 million d'habitants, la capitale de l'Australie-Occidentale est deux fois moins grande que Sydney.
Autre détail d'importance : le climat. Plus basse température enregistrée : -0,7°C. Perth bénéficie d'un climat méditerranéen et le thermomètre accuse rarement moins de 16°C.

La ville a été fondée en 1829 par le capitaine britannique James Stirling, sur les terres du peuple noongar. Elle devait être le point d'implantation de ce qu'on appelait alors la « colonie de Swan River » (du nom, devinez quoi, de la rivière qui la traverse). Elle ne commença réellement à se développer qu'en 1850, avec l'arrivée des bagnards, « convicts », en anglais, qui édifièrent les grands édifices publics de la ville. La ruée vers l'or qui débuta en 1890 fit quadrupler le nombre de ses habitants en une décennie.2

Comme pour les États-Unis, la relative jeunesse de l'Histoire australienne ne doit pas faire oublier la présence bien plus ancienne des peuples aborigènes. L'archéologie prouve qu'ils vivaient déjà sur le site de Perth il y a 40 000 ans ! En 1843, les Wadjuk (sous-groupe des Noongar) avaient été dépossédés de la totalité de leurs terres. Lonely Planet m'apprend que, encore aujourd'hui, les Aborigènes vivent dans des conditions déplorables, avec un taux de mortalité infantile supérieur à celui de plusieurs pays dits en voie de développement.

Les vilains animaux d'Australie

Perth en gros plan : la Swan River, l'océan, les parcs...

L'une des principales raisons de notre attirance pour l'Australie, c'est bien sûr sa faune unique. Muriel m'a d'ailleurs envoyé une vidéo qui résume bien la situation :D



L'incompréhensible accent australien

Les Australiens ont une manière bien à eux de prononcer l'anglais. Jugez plutôt :


Remarquez, ça les fait rire eux-mêmes :)

Heureusement, Muriel m'a également envoyé cette vidéo, qui complète la première de manière plus... pédagogique.

http://youtu.be/QVgiG7_Ey9k


En résumé, l'Australie va probablement nous sembler très exotique. Mais heureusement, s'il y a bien une chose qui rassemble les gens... c'est la bière :D



1Selon l'agence de conseil en ressources humaines Mercer. Source : National Geographic, oct.2012
2Source : Lonely Planet édition 2012

samedi 27 octobre 2012

Australie : la bande annonce

Chapitre 6 - Repartir

Ce n'est pas tellement plus facile, la deuxième fois. Disons que le côté redite atténue peut-être un peu la dramaturgie de l'événement : vous n'allez pas courir après le train tous les ans. Cette fois-ci, je ne vais pas vous décrire l'effet que ça fait de ranger trois pochettes de textes dans des cartons – d'ailleurs, je ne les en avais pas sorties.

N'empêche... S'installer dans le wagon avec toutes ces énormes valises, et regarder le paysage défiler en songeant que ce n'est encore que le préambule. Envisager de passer deux jours dans un avion et finalement, contempler son visage dans les vitres d'un aéroport à l'autre bout du monde. Se retrouver seuls au milieu de gens qui savent exactement où aller.

L'autre soir, Mathias et moi avons visionné toutes les vidéos enregistrées aux États-Unis, même celles qui durent trente secondes et où on entend la voix de Mick Jagger planer sur les interminables champs de maïs du Kansas. C'était bien. Je tire une grande fierté d'avoir vu tous ces endroits. C'est une fierté personnelle, sans rapport avec ce que font ou non les autres. J'en suis fière parce que j'ai eu peur et que je me suis sentie isolée, mais que j'avais trop envie d'être là pour abandonner. Et même si l'approche du départ me noue l'estomac, cette peur-là n'a rien à voir avec l'angoisse quotidienne de mon adolescence, ni avec l'anxiété qui m'empoisonne quand je regarde le temps lézarder le plafond d'appartements exigus, en écoutant le vacarme de vies inconnues.
Cette peur-là se soigne à coups d'ivresses bienheureuses, en écoutant de vieux disques de rock, c'est celle qui me fait courir un peu trop vite pour rattraper le temps, et peut-être même le dépasser en lui faisant un beau doigt d'honneur.
Je soignerai toujours ma peur, parce qu'elle fait aussi bien avancer que la colère, mais sans le goût amer.

Et puis j'ai tellement hâte de saturer d'autres disques durs avec les photos de ma vie rêvée ! Qu'y a-t-il de plus gratifiant que de pouvoir se passer le film de sa propre histoire et d'y trouver encore matière à s'exalter ?

Une des choses que je trouve les plus difficiles, finalement, c'est de concilier mes propres projets avec la manière dont je souhaite m'investir dans la vie des gens que j'aime. J'aurais vraiment voulu être là pour la naissance du fils de ma meilleure amie*, oui. Comme j'aurais aimé boire un coup avec ma frangine quand elle quittera la fac en réalisant qu'elle n'y remettra plus jamais les pieds et que la vie s'étale devant elle.
Au lieu de ça, je serai loin, en train de vous abreuver de messages concernant mon charmant nombril :)
Sachez tout de même que, croyez-moi ou non, je ferais sans hésiter les 17 000km en sens inverse si vous en aviez besoin.

Tout est question d'équilibre, et si Mathias et moi n'avions personne à qui raconter nos voyages, ceux-ci ressembleraient bien plus à des réclusions forcées.

Nous repartons, oui, et puisque je m'exprime sur un blog cela donnera encore une fois l'impression que rien d'autre ne compte. Mais ce n'est qu'un carnet de route, un album photos... Vous qui comptez, j'espère que vous le savez.

*Régina. T'es capable de pas te reconnaître, j'suis sûre :D Et m'en fous qu'à presque trente ans on ne soit plus supposé avoir de « meilleure amie ». Dans les faits, t'es toujours là.

vendredi 21 septembre 2012

Araignées au plafond

Les murs sont une malédiction. Le corps et la pensée se brisent sur les angles. On croit qu'ils nous protègent, alors qu'ils hébergent nos araignées : des attrape-rêves défaillants, toiles onirophages et cracheuses d'ombre.
Les portes et les fenêtres cloisonnent la vision dans des cadres réconfortants. Chaque seuil offre la vie quotidienne mise en scène, chaque pièce est l'estrade où se joue notre théâtre intérieur. Ici, nos vies idéelles, dans des livres soigneusement fermés. Là, le bureau, siège de nos fantasmes de chef d'orchestre : on y domine le monde, imposant nos ordres et nos silences depuis un téléphone, un ordinateur.
Dehors, point d'horizon ; les perspectives les plus longues s'échouent au pied de tours lointaines, derniers bastions avant la plaine quadrillée d'asphalte. On s'arrange toujours pour ne ménager au regard que de brèves échappées. De n'importe quel point de vue, nous devons savoir que nous ne sommes pas seuls.

Quand je pénètre dans la forêt, je suis d'abord rassurée par la profusion des lignes verticales qui strient le paysage. Mais en quittant le sentier, j'abandonne déjà la certitude d'arriver quelque part. Début et fin cessent d'exister physiquement pour redevenir des mots. C'est alors que je prends conscience que ces lignes qui hachurent mon champ de vision, sont de travers ; le désordre se fait dédale. Je m'enfonce dans ces plans inclinés, entre les silhouettes courbées, je découvre les araignées.
Les chemins esquissés s'achèvent en impasse et les formes d'apparence immobile se meuvent imperceptiblement. Les jours de soleil, ombre et lumière s'entre-dévorent.

 Le vent se lève, on ne sait où, il secoue les branches, repart. Regarder le ciel, c'est voir le temps passer. Un nuage remplace un autre, une feuille se détache et tombe lentement. La lumière chatoie et parfois, elle se brise en mille morceaux. Aux endroits où ils choient, les contours s'estompent.

On est environné de ce que les humains nomment silence, mais qui pourtant n'en est pas un : un oiseau pépie et un autre lui répond, le vent souffle, une branche cogne sur un tronc ; loin, très loin, on discerne le bruit continu des moteurs, des ces véhicules qui roulent en permanence sur l'autoroute, comme à seule fin d'endiguer notre solitude.

Je ne parviens pas à trouver ma place au sein de cette immensité enclose entre les lisières de la forêt. Je me sens étrangère à ce monde sans conscience, indifférent à ma présence. Ici, même l'absurdité est un non-sens.

La brise encercle mes poignets, légère comme une vague. Sous mes paupières l'ombre clignote, elle est faite de couleurs que je ne soupçonnais pas, qui éclatent et disparaissent, aussitôt remplacées par d'autres. Elles prennent des formes qui n'en sont pas, qui n'ont ni contours ni angles. Les remparts s'évaporent.
Je réalise que c'est précisément l'absence de conscience organisatrice de ce monde, qui garantit mon intégration en son sein. Je pense que, si j'étais croyante, ce sentiment serait le même, puisqu'il provient de l'absence (apparente, pour un mystique) de but, de raison.
Le monde que nous avons bâti, nous humains, et dans lequel nous évoluons, répond à des normes et à des besoins particuliers. Ici, je peux enfin lâcher prise.

*

Quand je retourne à mes quatre murs, j'emporte la forêt avec moi. Je suis encore emplie de cet espace vertigineux, dans lequel mes doutes et mes certitudes se sont évaporés. Et c'est seulement à cette condition que mon appartement peut redevenir un havre : désormais, il occupe un point de l'infini. Il n'est plus un barrage, une frontière, mais un creuset, une salle au trésor, où entreposer les songes ramenés du dehors, afin de les mélanger ou les séparer, les invoquer ou les cacher. Un endroit vers lequel le monde entier converge.

Et j'y accrocherai des attrape-rêves, pour arrondir les angles.

mercredi 18 juillet 2012

Yaka aller voir les baleines

Il y a quelques jours, à l'occasion de mon anniversaire, Régina m'offrait Yaka aller voir les baleines... ou comment devenir le héros de son voyage. J'ai eu un véritable coup de cœur pour ce petit livre, qui ne paye pourtant pas de mine. Jérôme Bourgine (attention, ça pique les yeux, le monsieur est écrivain-voyageur, pas graphiste ;)) y partage son code du voyageur, des anecdotes, ses réflexions... Et il le fait avec une simplicité et une poésie qui m'ont fait penser à Daniel Mermet, un autre style de routard certes, mais que j'adore, comme chacun sait.

C'est bien simple : Yaka aller voir les baleines compile TOUT ce que je pense du voyage. Tout ce que mon road-trip aux États-Unis et mon année à Québec m'ont inspiré est résumé dans ce livre, dans une prose bien plus inspirée que la mienne.

"Au commencement était le verbe." Oui, mais lequel? J'en sais deux qui, en voyage, jetant leur pont entre passé et futur, se conjuguent admirablement au présent : "connaître" et "comprendre". Ils font la paire. Le préfixe "con", en latin, signifie "avec". Or, le voyage, élan de l'être vers tout ce qui n'est pas lui, n'incarne jamais rien d'autre que cette soif de l'avec.
Connaître, c'est "naître avec" : une nouvelle expérience [...] Et comprendre, c'est, ensuite, assimiler ce vécu, l'intégrer à ce champ de conscience en en percevant tenants et aboutissants. Ainsi élargit-on peu à peu son être à une dimension toujours plus vaste du réel, de la vie."¹
Anecdotes et conseils pratiques se mêlent à des réflexions sur la nature du voyage et la manière dont il nous change, dans un joyeux bazar qui reflète bien le désordre des sensations ressenties sur la route. Chaque page est un régal pour le moral, parce qu'il y transparaît un enthousiasme et une sagesse qui rendent impatients de nourrir sa propre expérience. Je lis Bourgine et je pense "moi aussi, moi aussi je veux faire ça!" Ou alors je souris parce qu'il "partage les trucs cools" et qu'en l'occurrence je les comprends.

"Et s'il vous arrivait quelque chose?!"
[...]
"Au prix du voyage, on espère bien qu'il va nous arriver quelque chose!"
Mais ce serait bête de réserver ce livre aux seuls voyageurs. Je pense qu'à sa manière il devrait transporter le plus casanier d'entre vous, à condition que vous aimiez voyager en pensée, par la grâce des mots... Et si en plus il vous convainc, c'est... pas de chance pour votre compte en banque :D

¹ "Ah! les "con..." p46. C'est moi qui souligne.

vendredi 13 juillet 2012

J'veux toujours être ailleurs, bis

Un looong message pour la réouverture de ce blog, dans lequel je n'ai eu aucun scrupule à rédiger des titres à l'humour douteux ou au style universitaire bien pédant :)

Les raisons de la colère

Contrairement aux prévisions, celles de mon père par exemple, plus je vieillis, plus je suis en colère. On m'avait assuré qu'avec l'âge venait la sagesse : la perception des nuances, le goût du compromis. Pourtant, plus les années passent et moins je me sens capable d'admettre certaines choses. Si mon adolescence a consisté en une série de petites infractions et de contestations plus ou moins violentes,  en devenant adulte, je suis entrée en guerre.

Je ne sais pas si la situation s'est dégradée, ou si les années m'ont ouvert les yeux. Prenons un exemple : en France aujourd'hui, aucun raciste ne se cache plus. Oh, ils continuent de commencer leurs phrases par "je ne suis pas raciste, mais..."
Mais ils sont bien racistes, et leur haine a été légitimée, institutionnalisée. La peur de l'autre est devenue banale, normale et même, vertueuse.
Je ne me souviens pas que la droite ait jamais haï les socialistes au point de leur préférer le FN. On se croirait revenu au temps de la Guerre Froide : n'importe quel sociopathe patriote est préférable aux rouges. Fillon a même déclaré "on ne communique pas avec les extrémistes, qu'ils se nomment Le Pen ou Mélanchon".
Apparemment, nous n'avons pas la même définition de l’extrémisme. Et si vouloir changer de système relève de l'intégrisme, alors je suis bien contente qu'il y ait eu des fanatiques pour abréger la monarchie.

Il me semble que la différence fondamentale entre Le Pen et Mélanchon, c'est que la première incite les gens à avoir peur. Or, il y aura toujours des "étrangers". La position de Marine Le Pen est facile, intellectuellement parlant. Et c'est cette complaisance qui me débecte.

Je ne supporte plus la bêtise. Et je n'entends pas par là le nombre de points comptabilisés au test de QI. J'entends par là le refus de considérer que le point de vue qui est le notre n'est ni universel ni supérieur. J'ai remarqué que cette démarche allait de paire - logiquement, d'ailleurs - avec une absence totale de curiosité. Il y a des gens qui vous assènent leur opinion sans se douter un seul instant que vous ne la partagez pas. Et s'ils s'en doutent, ils n'ont pas assez d'intérêt (ou de respect) pour vous, pour vouloir entendre ce que vous avez à dire.

Je ne supporte plus non plus cette petite phrase, souvent prononcée avec indignation ou condescendance : "tu sais, avec tout ce qui se passe..." Non, je ne sais pas, justement. Et les gens qui l'emploient ne le savent pas non plus, puisqu'ils argumentent à l'aide d'exemples tirés des journaux, jamais de leur expérience personnelle.


Voilà où je veux en venir : je ne veux jamais, jamais, devenir comme eux. Pour ma part, la seule solution que j'aie trouvé, c'est d'essayer de connaître le plus de choses possibles, de manière à ne pas confondre mon ignorance avec de l'expérience.
C'est pourquoi je reprends la route.

Pourquoi c'est toujours mieux ailleurs

La destination que nous avons choisie me fascine autant qu'elle me terrifie : nous partons en Australie. C'est un peu accidentel en un sens, puisque l'idée, c'est avant tout de partir ; la destination n'est pas le principal. Pour l'Australie, la décision a été influencée par le fait que nous connaissons déjà des gens qui y sont allés, ce qui peut faciliter nos démarches une fois sur place (plus le fait que leurs témoignages étaient enthousiastes). Le fait que la moitié du continent soit recouverte par un désert a également pesé dans la balance :)
C'est d'ailleurs l'aspect fascinant du truc, pour ma part, ainsi que les requins, les koalas et un tas de trucs que je détaillerai prochainement.
Le côté terrifiant... bah c'est loin!
C'est très loin, mon anglais à l'oral laisse franchement à désirer (même si je le comprends bien désormais, elle est loin l'époque où j'ai répondu "yes" quand un membre des Zutons m'a demandée comment je m'appelais :D) et c'est rempli desdits trucs que je suis supposée détailler et qui sont pour la plupart mortels.


Mais c'est une bonne destination parce que j'ai à l'encontre des Australiens des a priori similaires à ceux que j'entretenais sur les Nord-Américains avant de voyager là-bas. C'est plus facile de voir l'ignorance et le racisme chez nos voisins que chez nous. La bonne vieille histoire de la paille et de la poutre. Quand on va à la rencontre des gens, on s'aperçoit qu'ils ne sont que ça : des gens. Alors que les F-Haineux voudraient nous faire croire qu'ils appartiennent à unes espèce très différente et diabolique. La preuve : vous avez vu ce qu'ils font?

A propos de la chance

Je reprends la route, donc. Histoire d'user ma colère sur des kilomètres d'asphalte. Et avant que cela vienne à l'idée de quelqu'un de me faire cette réflexion (mais elle ne viendra certainement pas de vous!) : non, je n'ai pas de la chance. Le prochain qui me dit ça, je... Je ne sais pas encore ce que je lui ferai à vrai dire :P


La chance que j'ai, à la base, c'est d'avoir grandi dans une famille possédant suffisamment d'argent pour me permettre le lycée et la fac. Je ne vais pas revenir sur le fait que c'était en partie un choix de mon père, dont je pense qu'il a beaucoup sacrifié pour ça. Le résultat, c'est bien que j'ai eu de la chance. J'ai aussi été chanceuse de rencontrer Mathias, puisque notre relation nous permet d'élaborer ensemble ce genre de projet, et qu'il gagne plus d'argent que moi, ce qui constitue un apport non négligeable.
Mais ça s'arrête là. Je viens d'avoir vingt-huit ans. Ces dernières années, je les ai passées à peaufiner mes choix et à mettre en place les circonstances qui me permettraient de vivre à ma manière. Les gens qui me disent que j'ai de la chance n'ont pas pensé, apparemment, qu'ils n'étaient pas obligés de faire des gosses (par exemple. Je prends toujours cet exemple parce qu'un enfant, c'est plus coûteux que tous les voyages que je ferai). Leur décision ne me dérange absolument pas d'ailleurs. Il faut juste savoir admettre où l'on met ses priorités.
Moi aussi j'aurais aimé posséder une jolie maison, d'ailleurs je sais exactement à quoi elle ressemblerait. J'aurais également aimé acheter plus de DVD et plus de disques. Mais ce que je voulais par-dessus tout, c'est partir. J'ai donc fait en sorte que cela soit possible.
Les gens oublient souvent que j'ai passé un an derrière une caisse enregistreuse, avant de partir aux États-Unis. Je n'ai pas gagné l'Euromillion.

Des soi-disant vertus de l'expérience

Si à une époque, je passais beaucoup de temps à analyser les processus qui font des gens ce qu'ils sont, j'ai fini par laisser tomber. J'ai constaté que les efforts que je faisais pour comprendre les gens ne m'étaient jamais retournés. Devoir perpétuellement justifier de mes choix devant des inconnus m'exaspère. Je me souviens d'un (ancien) bon ami disant à Mathias "mais si, vraiment, faire des gamins c'est génial, faut essayer!" Moi je trouve génial de voir le Grand Canyon et je pense que ça a changé ma vie, mais bizarrement, dans ce sens, ça ne prend jamais. Et s'il faut tout essayer avant de savoir qu'on n'est pas fait pour, je crois qu'on va vivre une grande période de n'importe quoi. "Bah, t'as jamais baisé un cadavre? Bah comment tu sais que t'aimes pas, alors?!" Je sais pas, parce que ça va à l'encontre de mes convictions et de mes envies?

Pour moi, c'est le fondement du problème. Je connais des personnes qui manifestement ne sont pas sûres d'elles. Mais plutôt que de questionner leurs choix, ce qui les mènerait j'imagine à une conclusion déprimante, elles s'évertuent à essayer de me convaincre de faire comme elles. Pourquoi? 
Elles n'ont jamais eu besoin de mon approbation, et maintenant elles voudraient me modeler à leur image?
Je trouve ça petit.

Le rapport entre le paragraphe précédent et le reste

Il n'y en pas :) J'étais juste énervée quand je l'ai écrit.
La conclusion que j'ai envie de tirer est la suivante : faites ce que vous voulez. Mais vraiment. Avec ce carnet de voyage, j'espère simplement partager avec vous ce qui me fait plaisir, à moi. Parce que comme dit ma frangine : "on a toujours envie de partager les trucs cools".