mercredi 13 avril 2011

Chapitre 4 - Entracte

Il arrive, souvent, que les choses ne se passent pas comme prévu. C'est agaçant, parfois même, désespérant. Vanina a dû repousser d'un an son entrée en M2. Régina a été recalée à ses exams. J'ai pas eu mon visa.
Je viens de comprendre une chose : on croit qu'on prend des décisions, quand on ne fait que suivre la voie la plus évidente. On a l'impression de bâtir des projets librement, et ensuite, on est frustré, parce que le monde s'acharne à semer notre chemin d'embuches. Mais on n'est pas libres, en fait. On réfléchit, encore et toujours, de manière cloisonnée. On fait des choix parmi un panel restreint. Ce n'est ni de la paresse ni de la lâcheté : on aimerait tous trouver sa place dans un système qu'on contribue à construire.
Pourtant, je crois qu'il suffit de changer légèrement de point de vue, pour envisager ces événements pour ce qu'ils sont vraiment : des portes sur d'autres possibles. Ne pas avoir obtenu mon visa ne me contraint pas, mais m'offre une opportunité de faire d'autres choix.

Après y avoir longuement réfléchi, Mathias et moi avons décidé de prendre l'option facultative. Le nouveau chemin mystérieux qui s'enfonce dans des contrées inconnues. Nous partons.

J'aurais pu faire une nouvelle demande, pour un autre type de permis de travail, auquel je suis supposément admissible parce que Mathias est un travailleur de catégorie A, comprendre, quelqu'un d'utile à la société canadienne, pas un voleur de job. Néanmoins, cela aurait posé quelques problèmes : notamment parce qu'il faut payer pour obtenir ce visa. Je ne sais pas combien, et on peut attendre jusqu'à deux semaines avant de recevoir le papier à présenter à la banque. Pendant ce temps-là, j'aurais été en situation semi-illégale (je crois qu'on dispose de 90 jours au-delà des limites du visa), sans assurance maladie. Mathias aurait dû sortir seul du pays. Voilà pour les aspects pratiques.

Je crois que c'est très difficile de sortir des chemins déjà tracés. On aspire tous à une certaine sérénité, un concept antinomique avec celui du chaos. On a toujours peur de se perdre en faisant des détours. Mais je crois aussi que ce n'est pas parce que le chemin a déjà été balisé que c'est le meilleur à suivre. Les repères sont supposés faciliter notre progression, mais à force de ne regarder qu'eux, on ne se rend même plus compte qu'on s'oblige à avancer du point A au point B, puis du B au C, etc. On dépense beaucoup d'énergie pour le faire, parce qu'on croit que les détours nous font perdre du temps, ou qu'ils sont le symbole d'un échec à passer telle ou telle épreuve. Pourtant, aujourd'hui, Vanina ne saurait pas tout ce qu'elle sait désormais sur elle-même si elle était entrée en M2 directement. Peut-être même ne serait-elle absolument pas prête à entrer dans le monde professionnel. Régina n'aurait pas eu le temps de mûrir ses résolutions. Peut-être qu'elle n'aurait pas pu se confronter aux inévitables échecs qu'on doit affronter dans le métier qu'elle a choisi, si elle n'avait déjà pas dû assumer le premier.
Je crois qu'il faut avoir les yeux grands ouverts en permanence, posséder une insatiable curiosité pour tout ce qui peut arriver.

Que gagne-t-on en échange? Je troque une stabilité matérielle ponctuelle, une routine confortable mais peu féconde, avec la fièvre du départ. Je me rends compte, en cette deuxième occasion, que rien ne m'exalte plus que l'idée de partir, encore et encore. Pour reprendre cette citation que j'avais déjà fait mienne: J'veux toujours être ailleurs.

Plan de route

Voilà comment ça va se passer. Je vous donne les grandes lignes du projet élaboré avec Mathias. Les détails s'affineront durant les prochaines semaines.
Nous continuons à travailler jusqu'au 20 mai. La semaine suivante nous servira à régler les dernières emmerdes : résiliations de contrat, rendez-vous à la banque, etc. Je pense que nous en profiterons pour réserver un séjour dans le coffret offert par la maman de Mathias, et aussi à Tadoussac pour aller voir les baleines. La date du départ définitif devrait tomber au début du mois de juin.
On prendra alors la route des Etats-Unis... Le trajet n'est pas encore fixé. Tout ce que nous savons, c'est qu'on prendra un mois environ, et que pendant ce temps on ira le plus loin possible, sans pour autant foncer comme des brutasses, c'est pas le but. Je pense en profiter pour proposer un article-feuilleton à Khimaira, un road-trip à travers les endroits évoqués dans la littérature fantastique américaine. Si dieu le veut, nous irons jusqu'au Nevada :)
La durée fixée comprend le retour, puisque nous prendrons l'avion à Québec pour rentrer en France.
Là...
On aura sans doute besoin de rester quelques temps pour se refaire une santé financière et planifier un nouveau voyage. Destinations évoquées : l'Australie, la Nouvelle Zélande... ou bien la Chine.
Suivant le temps que ça prendra ou les envies du moment, il est possible que j'en profite pour entreprendre une formation en webmastering. Où et comment, je ne sais pas encore.

Voilà... Plus d'informations dans les jours à venir, donc. En attendant, réservez vos week-end de juillet, car même si je vais être amenée à rester plus longtemps que prévu en France, vous m'avez trop manqué pour que j'attende deux mois pour vous revoir après mon retour :D