mardi 14 décembre 2010

The Debil's rejects

Mes voisins d'en-dessous, sont probablement le fruit d'une expérience contre nature, ayant conduit  à l'accouplement  de Thomas "Leatherface" avec une créature vivant sous la fameuse Colline Qui a Des Yeux...

      

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Ou alors, la consanguinité remonte à si loin dans leur famille qu'ils sont un assemblage de gènes recyclés une bonne vingtaine de fois.
Et non contents d'être profondément débiles, ils sont aussi extrêmement teigneux. Mais laissez-moi faire les présentations :


Nous avons donc la vieille mégère, hurlant à longueur de journée, entourée de ses sept chats et chiens ("carpettes" serait un terme plus approprié.) Quand elle ne hurle pas, elle... En fait, elle hurle continuellement. La nuit, on entend quelque chose tambouriner et chuinter violemment dans son appartement, sans doute afin qu'aucun de ses ennemis (le monde entier) ne puisse trouver le repos. Nous avons d'abord songé qu'il s'agissait d'un lave-ou-sèche-linge, mais aucune lessive ne prend huit heures. A moins que - je pense que c'est très probable -, il ne s'agisse d'engins de torture.


Vous voyez le cadavre au fond? Celui dont on ne voit que la tête? C'est lui. Le vieux. Il n'a probablement pas mis le nez dehors depuis plusieurs années. Il passe un temps considérable le front appuyé contre la vitre de la porte d'entrée, aux aguets ; quand Mathias et moi sortons, il observe nos moindres faits et gestes, le cou tendu, avide comme un chat essayant désespérément de suivre des yeux les va-et-vient d'une mouche. Il n'est pas tout à fait mort, mais pourtant en état avancé de momification.
Quant au fils... Ça fait une heure que je cherche une illustration qui convienne, mais même les zombies ont l'air trop intelligents pour bien le représenter. Imaginez un grand gars avec presque pas de cheveux, une bonne trentaine d'années, qui vit toujours chez ses parents et dont le visage s'anime de tics dès qu'il essaie de formuler une phrase de plus de trois mots.

La première fois que Mathias et moi avons essayé de nous garer dans la cour, derrière l'immeuble, il a klaxonné pendant une demi-heure, puis sonné à la porte jusqu'à ce que, ulcérée, j'ouvre, vêtue d'une nuisette transparente - et d'un pull. N'importe qui aurait au moins eu l'air choqué, mais lui, il n'a que deux neurones à connecter, et à ce moment-là, il était préoccupé : d'après lui, je n'avais pas le droit de me garer là. Après avoir tenté de négocier, j'ai renoncé. De toute manière, il n'arrivait pas à trouver le bouton off, ses yeux clignaient, ses lèvres bougeaient toutes seules, et il répétait "vous voyez, le numéro 2, c'est ma place, ça a toujours été ma place, y'a des gens qui essaient de me la prendre, des fois, mais c'est ma place, elle est dans le loyer, ma place".

Dix jours plus tard, c'est-à-dire hier soir, nous recevons confirmation, par la voix même de notre propriétaire, de ce que nous savions déjà : va falloir se serrer, parce que dans la cour, il y a bien trois places. Tout ce que nous avons à faire, c'est payer la cotisation pour le déneigement de la ruelle. Jean-Thomas appelle également les voisins pour le leur rappeler. Ce matin, je descends donc leur demander à qui je dois régler la cotisation. La femme (qui avait momentanément pris la place de son mari derrière la fenêtre) m'ouvre en souriant. Cela ne durera pas. Elle commence à m'expliquer que c'est embêtant quand même, parce qu'il n'y a vraiment pas de place pour trois, que depuis qu'elle est là elle n'a jamais pu parquer son char (elle en a pas, elle sort pas de chez elle, seul son fils en a un). Je dis oui, oui, mais il suffit de se serrer un peu. Et là, elle comprend qu'elle ne m'aura pas, et commence à bramer que Jean-Thomas ferait bien de venir constater par lui-même qu'il n'y a pas de place (il habitait encore ici il y a six mois mais apparemment elle s'en souvient plus), que c'est scandaleux, et que d'abord, elle, ça fait quinze ans qu'elle est ici, alors que nous on vient d'arriver ("mais je paye mon loyer aussi vous savez"), et que d'abord, faut déneiger nous-mêmes ("oui... et?") et... et... vous dégagez jamais l'escalier!! ("vous non plus madame, mais faut dire, vous sortez jamais de chez vous.") Le fils a essayé d'intervenir, mais dès que je me suis tournée vers lui, ses tics sont revenus, et il a braillé que j'avais pas le droit, pas le droit, que lui il paye sa place d'abord. J'ai donc laissé ces pauvres gens affronter ce terrifiant et injuste ennemi que représente le changement, et suis allée garer ma voiture dans l'arrière-cour. Quand je suis rentrée, ils étaient toujours en train de hurler. Enfin, surtout elle.