Un looong message pour la réouverture de ce blog, dans lequel je n'ai eu aucun scrupule à rédiger des titres à l'humour douteux ou au style universitaire bien pédant :)
Les raisons de la colère
Contrairement aux prévisions, celles de mon père par exemple, plus je
vieillis, plus je suis en colère. On m'avait assuré qu'avec l'âge
venait la sagesse : la perception des nuances, le goût du compromis.
Pourtant, plus les années passent et moins je me sens capable d'admettre
certaines choses. Si mon adolescence a consisté en une série de petites
infractions et de contestations plus ou moins violentes, en devenant
adulte, je suis entrée en guerre.
Je ne sais pas si la situation s'est dégradée, ou si les années m'ont ouvert les yeux. Prenons un exemple : en France aujourd'hui, aucun raciste ne se cache plus.
Oh, ils continuent de commencer leurs phrases par "je ne suis pas
raciste, mais..."
Mais ils sont bien racistes, et leur haine a été
légitimée, institutionnalisée. La peur de l'autre est devenue banale,
normale et même, vertueuse.
Je ne me souviens pas que la droite
ait jamais haï les socialistes au point de leur préférer le FN. On se
croirait revenu au temps de la Guerre Froide : n'importe quel sociopathe
patriote est préférable aux rouges. Fillon a même déclaré "on ne
communique pas avec les extrémistes, qu'ils se nomment Le Pen ou
Mélanchon".
Apparemment, nous n'avons
pas la même définition de l’extrémisme. Et si vouloir changer de
système relève de l'intégrisme, alors je suis bien contente qu'il y ait eu des fanatiques pour abréger la monarchie.
Il me
semble que la différence fondamentale entre Le Pen et Mélanchon, c'est
que la première incite les gens à avoir peur. Or, il y aura toujours des
"étrangers". La position de Marine Le Pen est facile, intellectuellement
parlant. Et c'est cette complaisance qui me débecte.
Je ne supporte plus la bêtise. Et je
n'entends pas par là le nombre de points comptabilisés au test de QI.
J'entends par là le refus de considérer que le point de vue qui est le
notre n'est ni universel ni supérieur. J'ai remarqué que cette démarche
allait de paire - logiquement, d'ailleurs - avec une absence totale de
curiosité. Il y a des gens qui vous assènent leur opinion sans se douter
un seul instant que vous ne la partagez pas. Et s'ils s'en doutent, ils
n'ont pas assez d'intérêt (ou de respect) pour vous, pour vouloir
entendre ce que vous avez à dire.
Je ne supporte plus non plus
cette petite phrase, souvent prononcée avec indignation ou
condescendance : "tu sais, avec tout ce qui se passe..." Non, je ne sais
pas, justement. Et les gens qui l'emploient ne le savent pas non plus,
puisqu'ils argumentent à l'aide d'exemples tirés des journaux, jamais de
leur expérience personnelle.
Voilà où je veux en venir : je ne veux jamais, jamais, devenir
comme eux. Pour ma part, la seule solution que j'aie trouvé, c'est
d'essayer de connaître le plus de choses possibles, de manière à ne pas
confondre mon ignorance avec de l'expérience.
C'est pourquoi je reprends la route.
Pourquoi c'est toujours mieux ailleurs
La destination que nous avons choisie me fascine autant qu'elle me terrifie : nous partons en Australie. C'est un peu accidentel en un sens, puisque l'idée, c'est avant tout de partir ; la destination n'est pas le principal. Pour l'Australie, la décision a été influencée par le fait que nous connaissons déjà des gens qui y sont allés, ce qui peut faciliter nos démarches une fois sur place (plus le fait que leurs témoignages étaient enthousiastes). Le fait que la moitié du continent soit recouverte par un désert a également pesé dans la balance :)
C'est d'ailleurs l'aspect fascinant du truc, pour ma part, ainsi que les requins, les koalas et un tas de trucs que je détaillerai prochainement.
Le côté terrifiant... bah c'est loin!
C'est très loin, mon anglais à l'oral laisse franchement à désirer (même si je le comprends bien désormais, elle est loin l'époque où j'ai répondu "yes" quand un membre des Zutons m'a demandée comment je m'appelais :D) et c'est rempli desdits trucs que je suis supposée détailler et qui sont pour la plupart mortels.
Mais c'est une bonne destination parce que j'ai à l'encontre des Australiens des a priori similaires à ceux que j'entretenais sur les Nord-Américains avant de voyager là-bas. C'est plus facile de voir l'ignorance et le racisme chez nos voisins que chez nous. La bonne vieille histoire de la paille et de la poutre. Quand on va à la rencontre des gens, on s'aperçoit qu'ils ne sont que ça : des gens. Alors que les F-Haineux voudraient nous faire croire qu'ils appartiennent à unes espèce très différente et diabolique. La preuve : vous avez vu ce qu'ils font?
A propos de la chance
Je reprends la route, donc. Histoire d'user ma colère sur des kilomètres d'asphalte. Et avant que cela vienne à l'idée de quelqu'un de me faire cette réflexion (mais elle ne viendra certainement pas de vous!) : non, je n'ai pas de la chance. Le prochain qui me dit ça, je... Je ne sais pas encore ce que je lui ferai à vrai dire :P
La chance que j'ai, à la base, c'est d'avoir grandi dans une famille possédant suffisamment d'argent pour me permettre le lycée et la fac. Je ne vais pas revenir sur le fait que c'était en partie un choix de mon père, dont je pense qu'il a beaucoup sacrifié pour ça. Le résultat, c'est bien que j'ai eu de la chance. J'ai aussi été chanceuse de rencontrer Mathias, puisque notre relation nous permet d'élaborer ensemble ce genre de projet, et qu'il gagne plus d'argent que moi, ce qui constitue un apport non négligeable.
Mais ça s'arrête là. Je viens d'avoir vingt-huit ans. Ces dernières années, je les ai passées à peaufiner mes choix et à mettre en place les circonstances qui me permettraient de vivre à ma manière. Les gens qui me disent que j'ai de la chance n'ont pas pensé, apparemment, qu'ils n'étaient pas obligés de faire des gosses (par exemple. Je prends toujours cet exemple parce qu'un enfant, c'est plus coûteux que tous les voyages que je ferai). Leur décision ne me dérange absolument pas d'ailleurs. Il faut juste savoir admettre où l'on met ses priorités.
Moi aussi j'aurais aimé posséder une jolie maison, d'ailleurs je sais exactement à quoi elle ressemblerait. J'aurais également aimé acheter plus de DVD et plus de disques. Mais ce que je voulais par-dessus tout, c'est partir. J'ai donc fait en sorte que cela soit possible.
Les gens oublient souvent que j'ai passé un an derrière une caisse enregistreuse, avant de partir aux États-Unis. Je n'ai pas gagné l'Euromillion.
Des soi-disant vertus de l'expérience
Si à une époque, je passais beaucoup de temps à analyser les processus qui font des gens ce qu'ils sont, j'ai fini par laisser tomber. J'ai constaté que les efforts que je faisais pour comprendre les gens ne m'étaient jamais retournés. Devoir perpétuellement justifier de mes choix devant des inconnus m'exaspère. Je me souviens d'un (ancien) bon ami disant à Mathias "mais si, vraiment, faire des gamins c'est génial, faut essayer!" Moi je trouve génial de voir le Grand Canyon et je pense que ça a changé ma vie, mais bizarrement, dans ce sens, ça ne prend jamais. Et s'il faut tout essayer avant de savoir qu'on n'est pas fait pour, je crois qu'on va vivre une grande période de n'importe quoi. "Bah, t'as jamais baisé un cadavre? Bah comment tu sais que t'aimes pas, alors?!" Je sais pas, parce que ça va à l'encontre de mes convictions et de mes envies?
Pour moi, c'est le fondement du problème. Je connais des personnes qui manifestement ne sont pas sûres d'elles. Mais plutôt que de questionner leurs choix, ce qui les mènerait j'imagine à une conclusion déprimante, elles s'évertuent à essayer de me convaincre de faire comme elles. Pourquoi?
Elles n'ont jamais eu besoin de mon approbation, et maintenant elles voudraient me modeler à leur image?
Je trouve ça petit.
Le rapport entre le paragraphe précédent et le reste
Il n'y en pas :) J'étais juste énervée quand je l'ai écrit.
La conclusion que j'ai envie de tirer est la suivante : faites ce que vous voulez. Mais vraiment. Avec ce carnet de voyage, j'espère simplement partager avec vous ce qui me fait plaisir, à moi. Parce que comme dit ma frangine : "on a toujours envie de partager les
trucs cools".