mercredi 28 avril 2010

Question existentielle n°2

(Un billet retardataire, parce que je n'ai pas eu le temps de poster en temps et en heure. La suite de nos aventures arrive très vite!)

Le déménagement bat son plein, et avant de revenir sur le mémorable week-end du 24 avril, j'ai dû affronter la seconde question existentielle, qui m'a causé bien des soucis. Dix-huit, c'était le nombre de places encore disponibles dans ma pochette à cd, les deux premières étant occupées par des disques de sauvegarde de mes documents. J'ai donc sorti et observé tous mes disques un par un, afin d'opérer une première sélection, qui m'a amenée à prélever une bonne vingtaine d'albums. Je me suis ainsi rendue à l'évidence : déjà, il est quasiment impossible de préférer un album de Nine Inch Nails à un autre. Ensuite, certains de mes groupes préférés ont une tendance à la mégalomanie, et composent des doubles cd. C'est de la triche.
Sur tous les disques sélectionnés, j'en ai écarté quelques uns, sans trop savoir pourquoi. Après, j'ai enlevé ceux que je possédais également en mp3. Ceux des Cure, par exemple (quoi que je me sois aperçue, trop tard, qu'on n'avait pas Bloodflowers, et qu'il faudra donc le télécharger). J'ai gardé les trucs qu'on ne trouve pas sur le Net, et ceux dont, vraiment, non, je ne peux pas me passer. Je vais pas vous faire la liste des dix-huit avec commentaire assorti. Ce serait vraiment trop long, même pour moi :)
En tout cas, il n'y a pas moins de quatre CD de NIN dans ma pochette: The Fragile, le live, et Still, bien sûr.
Mellon Collie and the Infinite Sadness, même si j'ai eu du mal à laisser Machina de côté.
Et, bizarrement, Celebrity Skin, de Hole. Arrivé dans ma main, le CD n'a plus voulu en partir. Quelque chose m'empêchait de m'en séparer. La pochette, la toile d'araignée argentée sur le disque, les mélodies qui reviennent dans la tête... Beaucoup des disques de mon adolescence se sont affadis par la suite, mais celui-là, bien que je ne l'ai pas écouté depuis des années, refuse de retourner au silence.
Et puis, Corde Oblique, Anathema... Blutengel (je sais, je sais).

Le drame...

C'est que ça m'aurait pris quatre heures de récupérer mes albums favoris sur mon PC. Alors je suis partie sans. Je me sens toute nue, sans mon ordinateur à moi!

mercredi 21 avril 2010

Le blues du mercredi*

Je suis une personne très attachée à elle-même. Vous, vous avez dû le constater en dénombrant les billets parus sur mes deux blogs ainsi que toutes les chroniques et autres topics dans lesquels je donne généreusement mon avis sur tout et n'importe quoi. Moi, je m'en suis souvenu en rangeant mon bureau. J'ai des centaines de feuillets noircis d'encre. Des centaines de pages de journaux intimes, carnets de route, notes pour des dizaines de projets, lettres jamais envoyées.
Tous ces mots ancrés au papier. Toute ma vie.
J'ai tout gardé, et je comprends pourquoi à chaque fois que mes yeux croisent par inadvertance un reflet de moi. Un écho des jours passés. Je pense à toutes ces choses rêvées, imaginées, à toutes ces émotions, tous ces souvenirs. Peut-être que j'accorde trop d'importance à mon propre être. Peut-être que les détails de mon parcours sont insignifiants. Peut-être que pour grandir, il faut, non pas se souvenir, mais cesser de le faire. Je ne sais pas. Je ne crois pas. Quand je relis toutes ces lignes, je sais à nouveau qui je suis. Je sais bien, nous sommes des milliards et nous ne sommes que poussière. Peut-être que si nous cessions de nous regarder le nombril, nous accepterions mieux notre place dans l'univers. Peut-être pas.
Parce que c'est quand je me souviens que je retrouve le fil. C'est seulement de cette manière que je me sens complète. Une. Cohérente. Vivante.
Je pense à toutes ces personnes qui n'ont aucun moyen de traverser le miroir. Aucune façon de relever les morts, de parler aux fantômes, de susciter les rêves. Je les plains. Je les plains parce que c'est triste d'oublier. On n'est déjà pas bien intelligents, pas bien costaux. On vit trop peu longtemps, trop vite. Nous ne sommes que des météores. Mais moi, j'ai tous ces souvenirs que je peux rouvrir. Je peux me rendre compte que j'ai vécu. Dans ma mémoire, il n'y que des images floues et des souvenirs tronqués. Alors que tout est écrit noir sur blanc. Je peux me retourner et dire : j'ai vécu. J'ai rêvé, j'ai pleuré, j'ai pensé. Les autres, ils ne peuvent pas. Ils ne se souviennent plus. Et ils meurent tristes, si ce n'est aigris.

C'est très bizarre de remiser toute ma vie dans une cave.

J'ai commencé à écrire régulièrement quand j'étais en sixième. Ma mère m'avait offert un mignon petit carnet cadenassé avec un chaton sur la couverture. Le ramassis de bêtises enfantines que j'ai collecté dedans! A l'époque, j'avais rempli tout un cahier de brouillon de contes de fées que j'avais inventés. Je voulais l'offrir à ma prof de français, mais je crois que je n'ai jamais osé. Je ne me rappelle pas.

Je vais vous montrer un truc. C'est rigolo:


Ça, c'est un mini-journal que j'ai fait quand j'avais, je sais pas, quatorze ans? L'édito était signé "Dark Star" et ça parlait de la culture goth (j'imagine même pas comment les Vrais Goths m'auraient conspuée :D) J'avais scanné plein de photos, imprimées en couleur, collées sur du canson. C'était très joli, même si le contenu n'avait aucun intérêt ;p


Ça, bah, c'est le contenu d'une pochette. Ça se voit pas vraiment, mais elle est très épaisse - environ trois centimètres. Je voulais prendre en photo mes carnets, doit y'en avoir six, mais j'avais plus de batterie (heureusement pour vous).

Alors, voilà. J'ai l'impression que je vais partir avec le cerveau tout vide. Je m'en rendrai pas compte tout de suite. Mais, d'ici quelques mois, je m'apercevrai que le temps m'a lessivé les neurones. Je me dirais qu'il me semble bien avoir ressenti un truc, un jour, mais je m'en souviendrai pas. Je me rappellerai seulement des événements, et encore, seulement quelques uns.

J'embarque quand même une pochette. Celle avec mes notes pour tous les projets d'écriture , à venir ou en cours. Dedans, il y a des manuscrits jamais utilisés pour mon roman (et des idées bien, zut, faudra que j'essaie de les exploiter), les prémices du bouquin pour enfants que j'avais commencé avec Jeanne, les brouillons pour l'histoire à quatre mains avec Maloriel, des notes correctives pour le cycle de nouvelles dans le Labyrinthe, The Little Blue Box et sa suite, les recherches expérimentales autour des dés, des cours d'informatique et des idées pour le site... Pfiou, je crois que c'est à peu près tout. C'est pas surprenant que je finisse jamais rien.

Notes en vrac

Un jour, Régina, tu es morte dans un réfrigérateur. On était avec Claire dans un dédale de couloirs et les frigo, c'était le seul moyen pour passer d'un niveau à l'autre. Ils servaient de téléporteurs, mais le tien n'a pas fonctionné.

Quand j'étais ado, j'ai écrit un texte qui s'appelle "La ballade de Morticia". Grandir, c'est quand même génial.

Mylène, elle me manque quand même un peu. Julia aussi.

Il faut vraiment que je trouve des titres aux textes que j'écris. Ce serait plus pratique que d'indiquer le nom des personnages sur les pochettes pour m'y retrouver.

Avoir un blog, c'est plus marrant que d'écrire un journal, même si c'est moins malin.



*Parce que mercredi, c'est jour de déménagement.

jeudi 1 avril 2010

Sueurs froides

Cette semaine, j'ai commencé à faire mes cartons. J'ai choisi de ranger ce dont je me sers le moins, évidemment ; mais c'est aussi ce à quoi je tiens le plus : ma bibliothèque. Dedans, il y a tous les livres que je n'ai pas encore lus, et qu'il me semble tout à coup indispensable de découvrir, et puis bien sûr, tous les livres que j'adore, pas forcément parce que ce sont les meilleurs, d'ailleurs, mais parce qu'ils sont vachement beaux. Du coup, l'après-midi que j'ai passée à les compulser m'a rendue un brin nostalgique.

Six cartons plus tard, l'étagère ressemble toujours à ça:


Bah oui... Parce que les livres tout en bas, Muriel les voudra peut-être, les carnets à croquis, je sais pas quoi en faire, et pour Les Royaumes du Nord, j'attends que le coffret soit de nouveau complet, sinon, il risque de s'abîmer, vous comprenez. Et puis en haut, il y a les livres sur lesquels j'hésite : et si parmi eux se trouvait le Cinquième Livre, et que je l'empaquetais sans faire attention?
On ne voit pas non plus les BD, que je n'ai pas encore réparties dans de nouveaux cartons, ni la montagne de livres que j'ai empruntés par-ci par-là, et même pas encore lus.

J'ai aussi commencé à ranger mon bureau. Ça, ç'a été plus laborieux. Moins tragique, mais beaucoup plus chiant. D'ailleurs, c'était tellement le foutoir qu'aujourd'hui je dois enjamber tout ça pour arriver à m'assoir:


J'ai trié et rangé les papiers importants, mais reste une sacrée pile de notes en tous genres... Extraits de nouvelles, réflexions à la volée, ateliers d'écriture...

J'ai l'habitude des déménagements : en tant qu'étudiante, j'ai souvent changé d'appart'... Jusque-là, j'ai toujours trouvé que c'était un bon prétexte pour faire le tri, redécouvrir des choses oubliées, tout réorganiser pour obtenir une pièce bien rangée et cohérente. Mais là, c'est différent, j'ai l'impression de me dire adieu à moi-même, convenez que c'est perturbant. Bon, je sais que ça fait nombriliste, dit comme ça, et puis mes affaires ne vont pas disparaître, je vais juste cesser d'y avoir accès pendant un moment. Mais comme quelque chose me dit qu'on ne va peut-être pas revenir de si tôt, eh bien, j'ai l'impression d'accomplir une action décisive. Du coup, les cartons, ça devient quasiment un rituel de purification, voyez.

Enfin, il y a encore du boulot, et pour ceux qui dormiront ici le 24, vous pourrez vous faire des abris individuels :D