vendredi 12 novembre 2010

Chapitre 3

Il faudra repartir, bien sûr. Rebondir, après le constat étonné, un peu amer, que l'on n'apprend rien des gens. Ici, ailleurs... Les mécanismes sont aisément identifiables. A défaut de les excuser, on comprend les parcours. On restitue la chronologie et on dessine l'aboutissement. C'est facile de trouver des raisons aux gens. On peut se tromper, évidemment. Mais la vérité n'est jamais loin. Elle est toujours à portée de main. Et parce que les gens ont de multiples raisons de faire ce qu'ils font, ils deviennent lassants. On ne peut pas leur reprocher leur manque d'ambition intellectuelle, on ne peut pas leur reprocher leur manque d'imagination... On ne peut rien leur reprocher du tout, puisque tout s'explique : environnement familial et social, génétique, histoire personnelle, opportunités et malheurs... Tout se combine toujours de la même façon. Si j'étais Annaïg, j'écarterai ces personnes d'un revers de la main, avec un reniflement hautain, arguant qu'on ne fait jamais que ce qu'on veut et que c'est bien de leur faute si elles sont empêtrées dans leur quotidien sans envergure. Mais je ne suis pas Annaïg et elle n'est pas plus maligne.

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Lignes écrites dans un contexte de découragement, bien sûr, de déprime partagée par Mathias et moi, et dont le sens va au-delà du constat imposé par "les autres", ces milliers de personnes croisées chaque jour, qui n'ont pas plus de visages que les créatures des rêves. Au moment où j'ai écrit ça, j'avoue que j'en voulais à certains d'entre vous. Qu'il faudrait nommer pour éviter les quiproquos, ce que je ne ferai pas car il faut garder à l'esprit que c'est un blog et qu'ici j'essaie de synthétiser l'essentiel.
Disons que parfois on a des attentes vis-à-vis des autres, qu'on ne devrait peut-être pas mais que ça paraît inévitable dans le cadre de l'amitié. Et quand ces attentes sont déçues, Mathias et moi passons souvent du temps à en analyser les causes possibles, et bien qu'on passe sûrement à côté de la vérité, puisque nous ne sommes plus là pour en discuter avec vous, nous vous trouvons tout un tas d'excuses. C'est facile, et c'est ça qui est triste.
Que les choses soient claires (je m'aperçois qu'elles ne le sont pas du tout) : quand je parle de manque d'ambition ou de quotidien sans envergure, pour le coup, ce n'est absolument pas à quiconque d'entre vous que je fais allusion. Là, j'ai en tête des gens que je fréquente ici. (J'aimerais cependant que les Québécois qui possèdent l'adresse de ce blog ne se sentent pas visés non plus). Le lien entre les deux paragraphes, c'est le contexte de déprime globale.

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Ce qui nous mène où?
Conclusion au paragraphe n°1 : repartir, bien sûr. Ou que ce soit. Mais forcément plus loin. S'éloigner, progressivement, de ce que l'on connaît le mieux. Mais les individus qui composent les pays non-occidentaux ne sont certainement ni plus ni moins malins. Il faut trouver... Quelqu'un d'autre. Un pratiquant soufi, un sorcier mexicain, un moine bouddhiste, que sais-je... Un sage. Quelqu'un qui a les moyens matériels d'obtenir des moyens spirituels. Tout ce que j'aimerais, c'est être surprise. Au moins une fois.
Et le paragraphe n°2? Je ne sais pas. L'amitié est bien trop compliquée pour être discutée à distance. Les malentendus dégénèrent bien trop vite. Sachez juste que j'ai le mal du pays parce que vous me manquez.

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